CCP, mars 2008, par François Zénone
Ce deuxième volume de notes couvre les années quatre-vingt-dix, l’œuvre est en marche ; en 1991 paraît La Mue, en 1992 L’Orphelin et Le Matin des origines. Un mois de l’année est consacré an travail du fer (« les quatre semaines concédées aux passions archaïques ») en Corrèze, le reste des jours, dans la région parisienne, à l’écriture et au dur travail d’enseigner dans un collège. À la lecture. Vivre, bien sûr, c’est un peu le contraire d’exprimer. Écrire « enfreint la règle qui découle de notre nature et ne veut pas que nous dissociions des objets tangibles, actuels, les pensées que nous formons. » Écrire consiste à retrouver l’origine, les ressorts de notre trajectoire étant derrière nous, « ces deux ou trois instants d’éternité autour desquels une vie peut graviter. » Et ce partage du temps « épouse celle de l’âme et du corps », l’inconscience animale, l’âcreté du connaître. Cette schize douloureuse et nécessaire fait la trame de ce livre. Partition irrévocable, « à dix-sept ans, j’ai dû abandonner l’idée que je m’étais faite des choses dans lesquelles j’avais grandi. » Écrire pour comprendre. La littérature est « l’absence au monde comme condition de l’accès au sens du monde. » Lire ce livre comme je l’ai fait, une vingtaine d’heures de lecture avec peu d’interruptions, est une expérience.