Islam spirituel
Collection fondée par Christian Jambet
La connaissance du fait spirituel en islam est aujourd’hui une nécessité. L’islam est devenu l’objet d’inquiétudes et d’interrogations profondes, en surgissant dans l’actualité politique : la révolution iranienne de 1979, les soulèvements afghans contre la présence soviétique, les mouvements intégristes ont attesté, de diverses façons, la renaissance d’une politique et d’une idéologie qui prétendent soumettre la politique et l’État à la religion révélée à Mohammad. Il convient de se demander si cet islam politique résume à lui seul toute la culture islamique.
Nous avons la certitude suivante : non seulement l’islam politique n’exprime pas la vérité ultime de cette religion, mais il est toujours le fruit d’un appauvrissement, d’une réduction et d’une censure qui frappe les aspects les plus intéressants de la culture islamique, cela même que nous désignons comme islam spirituel. Dès les origines, en effet, un conflit s’est fait jour dans la communauté musulmane : la religion coranique devait-elle être, avant tout, fondée sur le scrupuleux souci de la Loi établie par les Docteurs à partir des impératifs du Livre saint et de la Tradition du Prophète ? la finalité de la vie religieuse se résumait-elle à cette soumission à la lettre des commandements ? ou bien était-il possible de dépasser cette lettre morte et les seules prescriptions de la Loi ? Autrement dit, l’islam politique est né de la première perspective, qui fait de la Loi et de la lettre du Coran la limite où doit s’enfermer la vie tout entière du fidèle. L’islam spirituel est né de la recherche inventive d’autres voies qui conduisent à Dieu : l’amour, la quête philosophique et mystique, l’interprétation des multiples sens cachés de la lettre coranique, la beauté artistique, une morale non réductrice, l’accueil aux autres cultures, depuis l’apport grec jusqu’à celui des religions voisines. L’islam spirituel a relativisé l’importance des prescriptions légalitaires et a donné une finalité plus élevée que les buts politiques à l’existence du fidèle. Il s’est voulu une éthique et une esthétique de l’existence, plutôt qu’une normalisation soumise aux impératifs sociaux d’une religion d’État.
Depuis ses débuts, la collection Islam spirituel s’est vouée à révéler au public occidental des textes où cette richesse culturelle peut pleinement s’exprimer. Ce sont tous des textes classiques, traduits ou étudiés par les plus éminents spécialistes. Ils appartiennent aux registres de la philosophie mystique, du soufisme, mais aussi des deux branches majeures du shî’isme, le shî’isme duodécimain, aujourd’hui majoritaire en Iran et en Iraq, et le shî’isme ismaélien. Précisons que les œuvres et les études qui ont rapport à l’islam shî’ite ont toutes pour but de manifester la vitalité de courants de pensée hostiles à la réduction politique légalitaire de cette religion.
- Avicenne et le récit visionnaire (Henry Corbin)
- La convocation d’Alamût (Nasîroddîn Tûsî)
- L’anthologie du renoncement (Bayhaqi)
- Le dévoilement des choses cachées (Abu Ya’qub Sejestani)
- Le jasmin des fidèles d’amour (Rûzbehân Shîrâzî)
- Le livre des pénétrations métaphysiques (Molla Sadra Shirazi)
- Les Orients des lumières (Rajab Borsi)
- Trilogie ismaélienne (Henry Corbin)
En Verdier/poche
- Le Divân (Hâfez de Chiraz)
- Le guide divin dans le shî‘isme originel (Mohammad Ali Amir-Moezzi)