Le Quotidien jurassien, 19 septembre 1998, par Josiane Bataillard
Descriptions et réflexions s’entremêlent, on sent l’auteur agacé ou goguenard quelquefois, drapé dans sa certitude que l’homme va « du rien absolu au néant parfait » ; un brin de désabusement, une trop brusque radicalité nous porteraient à penser qu’il s’exténue en « désesperrance » (quête de l’« origine », de l’« épanouissement d’une clarté sans illusions ») s’il n’était sincère.
Le mot voyage est à lui seul une grande valise pleine de sens, le mot sens est à lui seul une autre valise aux significations multiples, et c’est ainsi que les poètes pérégrinent, à pied, en train, en avion, démultiplient leurs impressions par le moyen de l’écriture. Gil Jouanard s’interroge, s’explique sur ce va-et-vient du réel (le vécu, l’expérience) à la virtualité du texte qui devient à son tour de la réalité tangible. Á l’éphémère sensation, les mots confèrent une autre réalité, plus durable, celle-là même qui peut nous ramener au présent et au plaisir prolongé de ce présent.