La Croix, 5 novembre 1995, par Thierry Bayle
Le titre nous l’indique : l’auteur a pris le parti de rire de ce qui, parfois, inviterait à pleurer. Dans une galerie de portraits des plus savoureuses, il dresse, d’une plume acerbe, des Caractères de notre époque.
Les malheureux modèles de Gil Jouanard, à la plume élégante et facétieuse, appartiennent d’une manière générale aux métiers du livre. Portraits de cinglés encyclopédiques, d’allumés polygraphes, de maniaques des signes, d’oiseaux rares dénichés dans les cages des maisons d’édition emplissent ce volume ludique, aussi drôle que virtuose.
[…] Jouanard, sous la dentelle du style, n’y va pas toujours avec le dos de la cuillère. Ainsi, lorsqu’il parle de ce grand-père qui s’éteignit comme une bougie, d’un coup, et se consuma si bien qu’il n’en resta aucune trace. Qu’on se garde bien, pourtant, d’y voir de la cruauté. Plutôt que d’en pleurer est un opuscule délicieux, un exercice de style à la française, où l’auteur semblable à l’un de ses personnages, se joue à considérer « depuis les hautes branches de l’humour les petites affaires du monde ».