Nuit blanche, décembre 1989-février 1990, par Marie-Christine Pioffet
[…] Ce roman, où l’imaginaire se mêle harmonieusement aux souvenirs autobiographiques, offre une vision nostalgique d’un passé révolu. Il nous rapatrie dans le monde féerique et éminemment poétique de l’enfance. Derrière les murs de la chambre à coucher, nid douillet réchauffé par la présence maternelle, se répercutent en sourdine grèves, conflits sociaux et manifestations politiques qui secouent l’Italie marquée par la montée du fascisme. Au fil des saisons et des années au rythme irrégulier, « l’annaliste », comme il se décrit lui-même, tente le raccommodage d’épisodes singuliers montrant la continuité de la vie.
Entièrement écrit en vers, cet étonnant récit constitue un tour de force. Il vise par la reproduction d’un genre désuet la restauration d’époques oubliées. L’écriture bertoluccienne remplie de métaphores évocatrices se révèle d’une rare densité et offre au lecteur un vif dépaysement. D’une beauté quasi plastique, La Chambre se lit comme un saisissant livre d’images.