Notes bibliographiques, octobre 2004
Évoquant l’épisode biblique de la tour de Babel, Felipe Hernández construit un étrange roman. Dans une ville imaginaire où les multiples langages rendent toute communication impossible, Samuel est un obscur interprète. Chargé de traduire un livre mystérieux, il perd ses lunettes. Lorsqu’il tente de les retrouver, il se heurte à des barrières infranchissables, celles de l’absurdité d’une administration kafkaïenne et toute-puissante qui lui fait perdre jusqu’à son identité. Des présences féminines maléfiques et perverses achèvent de le troubler. L’histoire peut être lue au premier degré mais plus encore que l’intrigue, c’est le climat dans lequel elle se déroule qui reflète un remarquable talent. Plongé dans un non-sens déroutant, amer et dérangeant, où certaines scènes fantastiques confinent à la folie, le lecteur se heurte à l’ultime question : qui sommes-nous ? Sur quelle réalité repose notre existence ? Nous avions apprécié La Dette, nous sommes à nouveau séduits par ce roman mystérieux et envoûtant, alliant une rigueur d’observation et de réflexion à une originalité fascinante.