Revue de théologie et de philosophie, nº 123, 1991, par Jean Borel
On appelle « targoum » la traduction-adaptation orale, plus ou moins libre et développée, que l’on faisait en langue ararméenne après la lecture synagogale du texte canonique de la Bible. Comme le dit Charles Mopsik, qui nous offre ici la traduction française du targoum de Qohélet, « on ne peut en apprécier l’apport et la valeur que s’il est lu au regard du texte hébreu comme un autre Qohélet, et non pas comme un substitut du premier. » (p. 21). Loin donc d’être un commentaire, le targoum de l’Ecclésiaste, que l’on fait généralement remonter aux environs de 500, date de l’achèvement du Talmud de Babylone, se présente comme une ré-écriture paraphrastique de son modèle hébraïque, « opérant la synthèse entre deux complexités : celle de la pensée de l’auteur de Qohélet, et celle de la pensée des pharisiens et des rabbins » (p. 23). On ne peut mieux caractériser la particularité et l’intérêt de ce targoum dont seule une analyse de détail serait pertinente, mais dont on sait déjà qu’il a inspiré aussi bien la pensée juive populaire que certains thèmes de la kabbale.