Bulletin critique du livre en français, novembre 2004
Jusqu’à la fin du XIXe siècle, on ne connaissait La Sagesse de ben Sira, le Siracide, qu’à travers les traductions grecques, latines et syriaques. Mises à part quelques citations éparses dans le Talmud et la littérature rabbinique, les juifs eux-mêmes avaient perdu la trace d’un original hébreu. C’est avec la découverte de la genizah de la synagogue Ezra du Caire que plusieurs fragments de l’original hébreu du Siracide furent mis au jour et publiés au long des décennies qui suivirent. Dans les années 1960, le rouleau du Siracide découvert à Massada et les fragments de Qumran (2Q18 ; 11QPsa 21-22) vinrent compléter la liste des fragments du texte hébreu. De ce texte, nous avons deux mille deux cents colonnes sur les trois mille deux cent vint et une du livre conservées dans la version grecque. C’est la traduction de ces fragments hébreux que nous offre le regretté Charles Mopsik, décédé avant d’avoir pu relire les épreuves de son ouvrage. Il s’est tenu aux textes hébreux autant qu’il était possible, préférant leurs leçons même quand celles-ci impliquaient une lecture difficile. Le lecteur remarquera qu’hormis les options de vocabulaire, de syntaxe et de style, qui varient toujours d’un traducteur à l’autre, la version de Ch. Mopsik diffère de celles qui sont actuellement disponibles sur des points non négligeables qui concernent la substance même du Siracide. Les raisons des choix faits sont clairement expliquées dans des notes abondantes, notes philologiques et historiques, denses et précises, qui constituent un excellent guide de lecture. Une introduction d’une soixantaine de pages précède la traduction. Elle présente un dossier fort complet concernant l’auteur, « un sage hébreu dans le monde hellénistique », les rapports entre sagesse et Torah, le statut canonique de l’ouvrage, ses sources bibliques, sa poésie et son enseignement. Une liste de mots clés complète le volume, et, en notes complémentaires, est donnée la traduction du grec des chapitres 1 et 2 qui manquent dans l’hébreu (d’après la traduction Crampon). Ce volume qui propose pour la première fois une traduction intégrale de l’ensemble des fragments hébreux retrouvés à ce jour, est indispensable aux biblistes qui s’intéressent au Siracide.