Revue de théologie et de philosophie, nº 126, 1994, par Jean Borel
La publication de ce troisième volume du Zohar, dont le contenu correspond au commentaire suivi de l’histoire de Joseph (Gen. 37:1) jusqu’à 1’épisode de la coupe dans le sac de Benjamin (Gen. 44:17), est l’occasion d’une importante mise au point méthodologique. Les complexités herméneutiques du Zohar nécessitaient, en effet, une annotation plus systématique et abondante, à laquelle Charles Mopsik a mis tous ses soins, avec la maîtrise habituelle qu’on lui connaît dans bien d’autres travaux de première main. Il s’est particulièrement penché sur le déchiffrement de la littérature considérable et des multiples sources que l’auteur du Zohar a connues, et dont il s’est nourri de façon si profonde qu’il a su les faire véritablement siennes, au point qu’elles en deviennent difficilement identifiables. De même, les sources bibliques, apocalyptiques et rabbiniques, les déplacements et la signification du remaniement qu’il leur a fait souvent subir sont chaque fois cités et explicités. Les parallèles significatifs avec des écrits ou des conceptions de la culture environnante chrétienne, dans les domaines philosophiques, théologiques et scientifiques, sont signalés, ainsi que tous les développements parallèles que l’on trouve chez des Cabalistes castillans contemporains, comme Moïse de Léon et Joseph Gikatila. Bref, ce commentaire du commentaire ne pouvait pas être écrit par une main plus avertie que celle de Charles Mopsik, qui nous livre, avec autant de générosité que de finesse, des clés précieuses pour ouvrir l’un des plus vénérables chefs-d’œuvre de l’humanité après la Bible, lequel s’est toujours considéré comme un écho de ses révélations. C’est par une présentation de cette profondeur que l’excellent traducteur, rompu qu’il est aux exigences scientifiques actuelles, rend possible et construit peu à peu les voies d’un échange et d’un dialogue de très haut niveau entre les plus audacieuses herméneutiques des trois religions du livre.