L’Autre Monde, nº 115, par Robert Amadou
Kabbale
Associé dans l’excellence, et très associé dans l’esprit en son genre particulier, le cadeau somptueux de la section du Zohar consacré au livre de Ruth (Ed. Verdier, 98 F). Charles Mopsik continue à bâtir son chef-d’œuvre : la traduction intégrale du Livre de la Splendeur, dont c’est le troisième volume paru aux très courageuses et très perspicaces éditions Verdier. On sait qu’à propos de divers textes de la Bible – le Pentateuque certes, mais d’autres livres aussi, dont celui de Ruth – le Zohar, maître livre de la kabbale, consigné à la fin du XIIIe siècle, selon Scholem aborde des questions qu’on dirait philosophiques, la nature et le destin de l’âme, par exemple, l’eschatologie, la cosmologie. La référence est fréquente à la doctrine des séfirot. Le livre de Ruth fournit une trame très lâche et la section du Zohar qui s’en occupe incorpore des fragments d’anciennes apocalypses, explique les commandements, polémique contre le christianisme et contre l’islam, décrit la création par la voie des lettres : l’âme humaine est l’homme essentiel portant intrinsèquement en lui le Tétragramme. Ainsi, ce commentaire « inégalé » sur Ruth, selon Mopsik, se déroule sur trois plans : le récit d’un épisode fondamental de la lignée davidique et par conséquent messianique ; l’aventure des quatre entités spirituelles qui composent l’homme ; les événements qui ont eu lieu au sein du monde de l’émanation où se manifestent les sefirot qui sont aussi les lettres du nom divin. Charles Mopsik a découpé le texte en paragraphes chacun muni d’un titre de son cru : Dieu a placé son nom dans l’homme : les quatre âmes. – Typologie du Tétragramme. – L’âme reçoit sa première instruction. – Soutenir le pauvre, c’est faire la paix avec Dieu. – La contestation de Job. La tempête de Satan. – Élie terrasse l’ange de la mort. – Le chant des étoiles. – La terre tremble depuis Sion. – La création du ciel. Etc., etc. Ainsi se retrouve-t-on sans peine. Les notes indiquent les références implicites et expliquent les allusions à la doctrine des sefirot.
À son habitude, Charles Mopsik a traduit l’araméen et l’hébreu originaux en science et en conscience, en connaissance et par cœur. Son texte est très beau, très vrai, très bon. Que l’Éternel le bénisse, et son œuvre.