Critique d’art, par Frédéric Pousin
Dans Paysage et ornement, Anne Léon-Miehe défend l’idée que, saisi qu’il est entre fiction et description, le paysage est avant tout produit par le langage, récusant ainsi le rapport à la peinture comme principe même du paysage, rapport qu’avaient défendu les premières études théoriques fondatrices, que ce soient les travaux sur l’origine du mot paysage ou les nombreuses analyses de l’hypotypose et de l’ekphrasis. Ainsi, pas plus que le tableau n’est constitutif du paysage, la vue n’en est un sens privilégié, et ce sont bien tous les sens qui sont à l’œuvre pour composer le paysage. Cette voie très actuelle est ici explorée avec talent dans le domaine littéraire. Liant la compréhension du paysage à celle de l’ornement, les contributeurs de cet ouvrage – exigeant, parfois abrupt, mais toujours stimulant – dirigé par Didier Laroque et Baldine Saint Girons, font converger leurs efforts pour prolonger et renouveler la réflexion de la décennie 1990 qui, en France, avait tenté de fonder théoriquement la réflexion pluridisciplinaire sur le paysage.