Le Point, 8 décembre 2000, par Michel Schneider
Destins de musiciens
Écrire sur la musique est impossible. Et pourtant, quand Léon Tolstoï ou Gert Jonke s’y exercent, l’émotion passe.
Gert Jonke est de ces auteurs pour qui la littérature est un pis-écrire, et qui auraient préféré composer une sonate que trente romans. Deux destins croisés, ici encore : celui qui est dans la musique et celui qui la regarde de loin, avec peur ou haine. Le compositeur Anton Webern, sorti pour fumer un cigare le 13 septembre 1945 au crépuscule, et Raymond Bell, le GI américain qui, surpris en pleine transaction de marché noir, l’abattit par erreur. S’adressant à l’un, à l’autre, Jonke raconte dans ce livre brûlant comment la musique est liée à la nuit et à la mort. La musique abolit les identités : personne ne sait plus qui il est.