La Liberté, 26 avril 2008, par Jacques Sterchi
Bons baisers du chaos
La prison comme métaphore d’un monde devenu rude, entouré de barbelés, où la promiscuité empêche la rêverie utopiste. Et pourtant c’est par la poésie qu’il faut communiquer. Lutz Bassmann (alias Antoine Volodine) expédie ses Haïkus de prison, variations chaotiques sur la solitude et la déréliction humaine. Simultanément est publié un récit halluciné, Avec les moines-soldats. Villes fantômes, héros qui n’en sont pas, ne croyant à plus rien, simples moines-soldats obéissant avec réticence, traversant le chaos dans une sorte d’hallucination perpétuelle. Cela donne une écriture à la limite de la science-fiction, mais que l’on associe plutôt au post-exotisme tel que défini par Volodine.
En 1991, interrogé sur le style étrange de son écriture à la limite de la science-fiction et du minimalisme, Antoine Volodine avait inventé cette définition de « post-exotisme ». Un décalage, en quelque sorte, une impossibilité de se définir à travers les catégories existantes. Un intitulé neuf, à remplir, mais qui dans le cas de Bassmann correspond aussi à cette vision du monde chaotique, désenchantée, comme si tout exotisme était maintenant devenu impossible.