BCLF, janvier 1997
En 1989, les éditions Verdier avaient publié Les Feux du Basento, un roman historique d’une richesse certaine, auquel avant été décerné en Italie le prestigieux prix Campiello (cf. BCLF, nº 538, oct. 1990, notice 153 900). Dans La Baronne de l’Olivento Raffaele Nigro demeure fidèle à deux options essentielles caractérisant son premier roman : le roman historique, comme instrument d’une enquête qui va au-delà des données événementielles ; l’enracinement dans le sud de l’Italie. Mais le décalage temporel est cette fois-ci plus important ; au XIXe siècle et à l’époque de l’unité italienne succèdent dans La Baronne de l’Olivento, des décennies particulièrement tourmentées (1440-1494) au cours desquelles la civilisation adriatique est menacée par la violence de l’Histoire (en l’occurrence l’expansion ottomane). L’action de ce « Roman », partagé en six parties, se déroule aussi bien en Campanie, dans les Pouilles et en Basilicate – trois régions du Sud chères à l’auteur – qu’en Albanie. Des communautés albanaises s’installent d’ailleurs dans le sud de l’Italie. Le moteur du roman est l’étrange connivence qui lie Vlaïka Brentano, née privée de membres, mais ouverte aux espaces de l’imagination et du rêve – le témoin –, à son bouillant frère Stanislas – l’acteur. Mais La Baronne de l’Olivento fait également défiler sous les yeux du lecteur la lutte que Skanderberf mène contre les Turcs, les intrigues et les complots des barons dans le royaume de Naples, les disputes entre clercs et hommes de science, entre les tenants de la philosophie d’Aristote et les disciples de Platon. Bref, un roman historique où l’intrigue compte moins que les digressions et les divagations, à l’instar de certains romans d’Umberto Eco. Dans ce livre foisonnant – sans doute moins achevé que Les Feux du Basento –, riche en rebondissements, le lecteur appréciera l’art de conteur de Raffaele Nigro, sa curiosité intellectuelle. Traduction précise et convaincante.