Le Nouvel Observateur, 23 février 1989, par Dominique Fernandez
La difficulté de rendre la réalité physique d’une rue de Naples, ce mélange unique d’odeurs, de bruits et de couleurs, de beauté et d’ordures, de faste et de misère, explique que la littérature napolitaine, si riche, si savoureuse, n’ait jamais trouvé audience à plus de cinquante kilomètres du Vésuve. Bonne chance aux éditions Verdier, qui osent lancer, quarante ans après sa parution, un recueil de nouvelles qui fit sensation en Italie. Domenico Rea semblait alors, en 1947, à 26 ans, le plus brillant espoir de la Péninsule. Même si, après tant d’autres, le chaos furibond de Naples l’a englouti dans ses tourbillons infructueux, Spaccanapoli reste un vif, frais, percutant témoignage sur l’immédiat après-guerre.