Télérama, 23 avril 2008, par Martine Laval
Après un premier roman, Les Quinze Mille Pas, l’Italien Vitaliano Trevisan, adepte du phrasé impétueux, de l’humour noir, de l’absurde et de la divagation existentielle, récidive aujourd’hui avec des textes ultra courts, incisifs, comme tirés en hâte de l’agonie du monde.
L’écrivain caracole sur ses obsessions – la perte de soi, la sauvagerie urbaine, la petitesse de la pensée – et trousse des fictions entre rêves et images, hallucinations et authenticité. En une quarantaine de récits, il dépoussière, bouscule, et l’appréhension du monde, et sa narration – écriture, sonorité, rythme. Et, jamais, n’oublie la dérision. Le voilà, lui ou un personnage, en plein labeur – ou déluge, ou questionnement – tétanisant : « Si tant est qu’écrire soit un travail, pensai-je en me levant brusquement. Ces putains de mouches ne me laissaient pas le choix : pour m’en libérer il faudrait que j’en tue une, pour donner l’exemple. Je pris, au-dessus de la planche à repasser, la tapette de plastique jaune à cet effet. […] Voilà, pensai-je en visant une mouche, partons de ce concept fondamental. » Trevisan prend la mouche, et poursuit sa course trépidante à l’écriture.