Franco Vegliani
Né à Trieste en 1915, Franco Vegliani est mort à Milan en 1982. Sa mère était triestine et son père originaire de Fiume (aujourd’hui Rijeka, en Slovénie). Son nom réel, Sincovich, fut transformé en Vegliani dès le milieu des années trente en hommage à la petite île de Veglia, où il passa une partie de son enfance avant d’entreprendre des études à Fiume et de les achever à l’université de Bologne, où il rencontra Giorgio Bassani. Mais ces études de droit ne l’empêchent nullement de se consacrer à d’intenses lectures : les classiques grecs, Conrad et Italo Svevo. Sa famille reste ancrée à Volosca, sur la côte liburnienne, son père étant magistrat à Abbazia (aujourd’hui Opatija), ville balnéaire de tradition habsbourgeoise.
Durant la Seconde Guerre mondiale, il participe à la campagne d’Afrique, lors de laquelle il est fait prisonnier en Égypte. C’est là, durant l’hiver 1943-1944, dans le camp de prisonniers 306 au bord des Lacs amers, qu’il commença la rédaction de son roman Procès à Volosca (Processo a Volosca), qui devait paraître en 1958 avant d’être réédité en 1989.
En 1937, il écrivit un essai sur Ugo Betti puis, en 1940, le roman Un uomo del tempo (Un homme du temps) qui ne fut publié qu’en 1951 et, en 1957, une monographie de Malaparte (ces textes ne sont plus disponibles depuis de nombreuses années).
Journaliste à Milan, il sera envoyé spécial, puis rédacteur, du Tempo, et travaillera pour divers journaux et magazines. Son drame personnel sera de ne pouvoir imposer son œuvre de son vivant, malgré le jugement très positif émis par Claudio Magris sur son roman La frontière (La frontiera), publié une première fois en 1964 et réédité en 1988 : « Franco Vegliani est l’auteur d’un roman riche de mélancolie et de poésie quintessenciée, La Frontière, un des plus beaux livres de la littérature triestine de l’après-guerre, mais il ne fut pas une figure de cette dernière. »
Réservé, à l’écart de tout mouvement littéraire, publié par des maisons souvent confidentielles, Vegliani, à sa mort le 31 juillet 1982, restait totalement à découvrir. L’angoisse, bien triestine, de l’incompréhension, de l’identité accessible seulement à travers la notion de frontière, l’aura tenaillé jusqu’au bout. De fait, ses romans ne seront réédités qu’à la fin des années 80, à Palerme, par les éditions Sellerio.
En 1972, il avait fait paraître La carta coperta (Le Papier caché), tandis que demeure inédit son récit historique Catilina et que ses juvéniles Lettere in morte di Cristiano Bess (Lettres pour la mort de Cristiano Bess) ont été publiées par sa veuve de façon posthume dans une édition hors-commerce.
Enfin, de brèves Storie di animali (Histoires d’animaux) sont parues, totalement inédites, en 1991.