La Croix, 20 juillet 2006, par Nathalie Crom
À l’instar de Svevo, ou du grand poète Saba, Giani Stuparich appartient à la grande famille des écrivains triestins. Le nom même de cet écrivain, né à Trieste en 1891, mort à Rome sept décennies plus tard, en dit beaucoup sur la singularité de ce lieu, cette ville sise sur la frontière entre Mitteleuropa et Europe latine, et où se mêlent cultures germanique et slave, tradition italienne… Si Trieste dans mon souvenir (traduit chez Christian Bourgois) est sans doute l’ouvrage le plus connu de Stuparich, L’Île que rééditent aujourd’hui les éditions Verdier dans leur toute nouvelle collection de livres au format de poche, est assurément son chef-d’œuvre. D’inspiration autobiographique, cette longue nouvelle met en scène un père, un fils, réunis pour un bref séjour sur une île d’Istrie, berceau de la famille. Le père va mourir, et le fils l’accompagne comme pour un rendez-vous. En quelques pages, admirables de simplicité, voici sondée l’énigme des liens familiaux, de la succession des générations, du deuil. Chef-d’œuvre, écrivions-nous – c’est qu’il n’y a pas d’autre mot.