Liberté hebdo, 16 juillet 2010, par Pierre Gauyat
Côté polars. Rue des regrets
Didier Daeninckx, que l’on ne présente plus dans ces colonnes, vient de faire paraître coup sur coup deux livres, un roman, Galadio, et un recueil de nouvelles Rue des Degrés.
[…] Rue des Degrés regroupe des nouvelles qui entrent en résonance avec le roman, notamment « La Couleur du noir » qui aborde un crime colonial français encore plus refoulé que les massacres de Sétif, la répression de la révolte de Madagascar qui fit près de 100 000 morts en 1947. Mais les génocidaires n’arrivent jamais à faire disparaître tous les témoins, ce qui les pousse à commettre d’autres crimes pour cacher les premiers. En vain. On relèvera dans ce texte un jeu plaisant sur les noms et les œuvres d’auteurs peu connus mais importants.
Le crime, dont on sait combien il fleurit partout, sert de fil rouge à cinq autres nouvelles depuis la résurgence des crimes ethniques en Bosnie, un portrait robot sorti de l’inconscient, un fils qui retrouve son père, ou les virus informatiques qui ne sont pas mortels que pour les disques durs. D’autres nouvelles sont plus légères mais ne manquent pas de pertinence pour autant, comme l’histoire du bateau sur lequel Jack London écrivit une partie de son œuvre ou les amours non contrariées d’une jolie fraudeuse et d’un douanier au grand cœur du côté de Péruwelz, ou les origines véritables et mulhousiennes de la course de chars dans Ben-Hur. Voici des pages qui devraient vraiment remplir d’aise les lecteurs fidèles de Didier Daeninckx.