
Essai traduit de l’italien par Nathalie Gailius. Préface de Patrick Boucheron
400 p.
25,00 €
ISBN : 978-2-86432-785-1
Parution : mars 2015
Les infidèles, les malfaiteurs, les juifs, les hérétiques, les usuriers ; mais également ceux qui exerçaient un métier considéré comme vil ou déshonorant : bourreau, prostituée, domestique ; et plus largement les étrangers, les femmes et les « inférieurs » : les êtres difformes, les pauvres. Dans un crescendo de la suspicion et de la défiance, vont être catalogués comme « infâmes », des sujets privés de « renommée » en raison de leur provenance ou de leurs actes délictueux, ou simplement de leur condition sociale ou physique, qui ne pourront alors jouir pleinement des droits de la « civitas chrétienne ». Ce catalogue s’allonge démesurément au cours des siècles jusqu’à viser dangereusement la population tout entière.
À travers quelles pratiques et quels discours prit forme en Europe le code social de l’exclusion ? Qui contribua à en tracer les contours ? Quelles en furent les victimes ? Nourries par une analyse subtile des textes, telles sont les questions et les réflexions inquiètes abordées par cet historien majeur de l’efficace sociale du discours ecclésiastique.
Extrait
Préface
L’infamie des hommes infimes, par Patrick Boucheron
Introduction
I. La cruauté des infidèles
1. Férocité
2. La ville et la forêt
3. Sectateurs de Caïn
4. Foi et crédibilité
II. L’infamie évidente
1. Ce qui est su de tous
2. Le catalogue des « infamies »
3. Ceux qui viennent d’ailleurs
4. L’infamie de droit
5. L’infamie de fait
III. Montrés du doigt
1. Les concubines
2. Le scandale et l’obéissance
3. Au vu de tous
4. Réintégrés et irrécupérables
IV. L’usurier en place publique
1. Usure et infamie publique
2. L’impudence de l’usurier
3. Usure, hérésie, extranéité
4. Préciosité et anonymité du temps
V. Les réprouvés utiles et inutiles
1. Les métiers à éviter
2. Le métier comme déshonneur
3. La profession comme risque
VI. Juifs, avares, gens ordinaires
1. Juifs et presque juifs
2. Foi et citoyenneté
3. Avares et « assassins des pauvres »
4. L’ennemi d’à côté
VII. L’infamie des pauvres
1. La pauvreté comme déshonneur
2. Les pauvres comme majorité à risque
3. Argent, propriété, identité civique
4. Le « bien commun » et les pauvres
VIII. Honneur citoyen et déshonneur économique
1. L’honneur travesti en déshonneur
2. Le déshonneur des gens comme il faut
3. L’appréciation de l’honneur
4. L’importance d’être au centre : la sanior pars
IX. Une humanité périphérique
1. La citoyenneté initiatique
2. Groupes et identités précaires
3. Le danger qu’il y a à être des « gens de peu »
4. De l’anonymat à la marginalité
Libération, 25 juin 2015, par Jean-Yves Grenier
L’infamie sous toutes ses formesGiacomo Todeschini montre la façon dont l’exclusion de l’autre s’est banalisée du Moyen Âge à nos jours.
Dans le monde romain, la pauvreté était surtout perçue comme la conséquence d’une faiblesse économique. Avec le christianisme médiéval, elle acquiert une dimension nouvelle que résume le mot minor (inférieur), au contenu... Lire la suite
Histoire pour tous, 8 juin 2015, par Aurélie Perret
L’Humanité.fr, 5 juin 2015, par Cynthia Fleury
Le Revenu, juin 2015, par Philippe Jérante
Une analyse puissante, fouillée et menant jusqu’à nous jours, sur la manière dont on repère ceux que l’on veut exclure de la société : les « hommes infâmes » selon Michel Foucault. Prostituées, comédiens, bourreaux, bouchers et chirurgiens, balayeurs et cuisiniers, ceux qui viennent d’ailleurs, les pauvres, les « gens de peu », les juifs... Lire la suite
Le Point, 21 mai 2015, par Pierre-Antoine Delhommais
Des sans-nom aux sans-dentsContrairement à ce que pense Thomas Pilketty, la pauvreté n’est pas née du capitalisme.
Pour les adorateurs de Joseph Stiglitz ou Thomas Piketty, cela ne fait aucun doute. Le capitalisme financier contemporain et la mondialisation sont coupables d’avoir inventé au cours des dernières décennies une machine infernale à fabriquer de... Lire la suite
Télérama, 9 mai 2015, par Gilles Heuré
L’Histoire, mai 2015, par Jacques Berlioz
Le grand historien italien Giacomo Todeschini montre comment, au Moyen Âge, se construit l’exclusion.
Comment rendre invisibles les humbles, ceux dont le renom n’est pas socialement assuré, et qui en viennent même à douter de leur nom d’hommes ? Le grand historien italien Giacomo Todeschini, professeur à l’université de Trieste, décrit ici non pas... Lire la suite
Le Monde, 30 avril 2015, par Étienne Anheim
L’horloger de l’histoireLe chercheur italien invente, depuis les années 1970, une nouvelle histoire économique du Moyen Âge. Dans Au pays des sans-nom, il montre comment les institutions médiévales créent le vocabulaire de l’exclusion moderne.
Ce jour-là, dans un café de la capitale voisin des Archives nationales, l’historien italien Giacomo Todeschini parle du Ventre... Lire la suite
Le Monde, 30 avril 2015, par Étienne Anheim
Les taux d’intérêt baissent, mais les refus de crédit augmentent. C’est que, comme le disent les banques, beaucoup de clients « n’offrent pas de garanties suffisantes ». Il ne leur manque pas que la richesse : également la capacité à inspirer confiance – ou le fait d’avoir ou de s’être fait un « nom »... Lire la suite
L’Obs, 19 mars 2015, par Laurent Lemire
Après avoir travaillé sur la théorisation révolutionnaire du crédit chez les franciscains (Richesse franciscaine, Verdier/poche), Giacomo Todeschini s’intéresse aux discours d’exclusion en Europe, du Moyen Âge au xvie siècle. Il montre comment on peut perdre son crédit, sa fama, pour devenir un infâme, un sans-nom, une personne suspecte, un mauvais citoyen. C’est une autre... Lire la suite
Politis, 12 mars 2015, par Olivier Doubre
« Dès le Moyen Âge, l’exclusion structure le marché »En travaillant essentiellement sur des sources juridiques, Giacomo Todeschini analyse en particulier les rapports entre théologie et économie. Il revisite ainsi les notions de réputation, de crédit et d’infamie.
Vous montrez dans ce livre que la construction de l’Europe, avec son modèle du... Lire la suite
« La Fabrique de l’histoire », par Emmanuel Laurentin (et avec Valérie Hannin du magazine L’Histoire), France Culture, vendredi 24 avril 2015, de 9h à 10h
« L’essai et la revue du jour », par Jacques Munier, France Culture, jeudi 12 mars 2015, de 6h35 à 6h42