Jean-Baptiste Harang

Jours de Mai

Chroniques.
Préface de Mathias Enard.
Dessin de couverture
de Frédéric Pajak

Collection : Collection jaune

128 pages

13,50 €

978-2-86432-963-3

février 2018

En Mai, je faisais ce que je pouvais. J’avais dix-neuf ans, un bon poste d’observation, étudiant à Nanterre. J’étais curieux, timide et politiquement oblique : depuis quelque temps j’étais bénéficiaire du statut d’objecteur de conscience et tout entier requis par un amour nouveau, des études de lettres et de cinéma, et la conviction confortable que seule la non-violence valait qu’on se batte. Si bien que, malgré la fascination que j’éprouvais pour le désordre, je pris bien tard le train révolutionnaire en simple figurant, peu de barricades, quelques manifs, un peu de Sorbonne et d’Odéon, et le convoyage de tracts à Flins et ailleurs puisque, faute d’engagement politique vindicatif, je disposais d’une automobile que je mis courageusement à la disposition d’activistes plus convaincus, tant que le réservoir de la 4 CV le permit. J’écoutais Europe 1 jusqu’à pas d’heure pour y entendre des récits qui me font aujourd’hui une mémoire.

Trente ans plus tard, on me proposa d’écrire dans Libération une chronique au jour le jour sur Mai, je me souvenais que je n’y étais pas pour grand-chose.

Il ne s’agissait pas de raconter sa guerre mais de dépouiller une revue de presse, au jour le jour, afin de construire date pour date un journal de Mai à partir des quotidiens de l’époque. Ces articles parurent entre le 5 et le 31 mai 1998 dans Libération. Ils sont ici réunis. Nous n’en avons pas changé une virgule, seulement supprimé quelques points-virgules intempestifs et troqué un mot pour un autre qui faisait répétition dans la bouche du Général. Voilà. Vingt ans déjà. Cinquante même. Cela ne vous rajeunit pas. Si ? Un peu ?

 

« Le Nouveau Rendez-vous », France Inter, 16 mai 2018