Clara Gallini

La danse de l’argia

Fête et guérison en Sardaigne

Traduit de l’italien par Michel Valensi et Giordana Charuty

Collection : Histoire

272 pages

23,33 €

978-2-86432-075-3

octobre 1988

L’argia, littéralement la « bariolée », tel est, en Sardaigne, le nom d’un être mythique – araignée ou fourmi – dont la piqûre venimeuse menace la vie du paysan astreint aux durs travaux des champs. Spécialistes et groupes villageois entrent alors en scène pour, à travers la musique, le travestissement et l’interrogatoire exorciste, ordonner la crise de possession en assignant au mal une origine et une identité.

Venue d’un village voisin ou du monde des morts mais toujours d’extraction sociale prestigieuse, avant de s’avouer vaincue, l’argia contraint celui qu’elle possède à devenir, pour trois jours et trois nuits, jeune fille en mal de fiancé, femme en proie aux douleurs de l’accouchement, veuve pleurant son mari défunt. Mais, provisoirement, l’irruption de la maladie suspend aussi pour l’ensemble de la communauté les règles habituelles du partage des sexes et de la bonne conduite féminine. Tandis que les gestes du travail acquièrent une dimension curative, chants d’amour, danses licencieuses, lamentations oscillant entre les pleurs et le rire composent une bruyante dramaturgie qui mobilise de multiples réseaux symboliques.

Dès lors, où finit la cure, où commence la fête ? Par cette question posée aux rituels sardes qui s’inscrivent dans l’ensemble des tarentismes méditerranéens, Clara Gallini reprenant une minutieuse enquête conduite au début des années soixante, invite à repenser nos propres catégories de maladie, de fête et de guérison.

 

L’ethnologie italienne : un itinéraire, entretien entre Clara Gallini et Giordana Charuty