Jean-Claude Milner
Le pas philosophique de Roland Barthes
Collection : Philosophie
112 pages
12,17 €
978-2-86432-457-7
mars 2003
(collection d'origine : Philia)
« Jamais un philosophe ne fut mon guide ». Roland Barthes résumait ainsi l’une des caractéristiques majeures de sa propre vie. Il faut conclure : la pensée de Barthes ne fut pas philosophique.
Pourtant, il n’avait jamais cessé de se tourner vers la philosophie, lui empruntant quelques formes de langue : un certain usage de l’article défini, une transposition des adjectifs en substantifs, le recours aux majuscules. Or la langue engage tout chez Barthes. En autorisant la philosophie à marquer la langue de son sceau, il faisait un pas vers la philosophie. Ou plutôt dans la philosophie.
Ce pas philosophique le mena de Sartre à Platon, sans autre guide que lui-même. Dans la Caverne, pour en sortir sans rien perdre des qualités sensibles. Puis pour n’en pas sortir, ayant cru découvrir qu’on pouvait y demeurer, dans quelque lumière à la fois éblouissante et intégralement endogène ; il se réclama du Signe, en hommage à Saussure, qui fut pour lui porteur d’une révélation. Hors de la Caverne, enfin, dans la lumière immobile du chagrin, sous le regard de la mère disparue, mais pour redescendre aussitôt, selon la loi, librement consentie, de la Pitié.
Jouant des mille éclats d’un cristal de pensée, Roland Barthes écrivit à la fois un roman d’éducation et une phénoménologie de son propre esprit. Page à page, texte par texte. J’ai souhaité en restituer la trame et le parcours.
J-C. M.
Intervention au colloque « Roland Barthes : littérature et philosophie autour des années 1960 » (ENS, mars 2008) :