Collection : Philosophie
96 pages
12,17 €
978-2-86432-637-3
février 2011
Pour qu’il y ait politique, il faut que les êtres parlants parlent politique. À partir de là, on peut soulever diverses questions : depuis quand, comment, pourquoi parle-t-on politique ?
Premier élément de réponse : la politique commence avec la découverte qu’un être parlant peut en asservir d’autres sans avoir besoin de les mettre à mort. Le langage peut suffire.
Deuxième élément de réponse : la politique permet à des êtres parlants de vivre dans le même espace, sans avoir à s’entretuer. Mais vivre, mourir, tuer, cela concerne le corps. Parler politique, c’est donc aussi une technique du corps.
Cette technique n’existe pas partout et là où elle existe, elle n’use pas partout des mêmes procédés. En Europe, de nos jours, parler politique, c’est discuter politique.
La discussion politique est une coutume locale, dont il convient de restituer le système. Elle repose d’abord sur une croyance : il faut que celui qui ne décide pas fasse semblant de se mettre dans la position de quelqu’un qui décide. De là un rapport essentiel au théâtre et à la mimétique. Toutefois, il serait insupportable à ceux qui discutent d’admettre qu’ils sont uniquement des mimes. Par chance, certains événements historiques semblent attester que ceux qui ne décident pas peuvent matériellement prendre la place de ceux qui décident. On parle alors de révolution.
Prise entre mimétique et révolution, la discussion politique entre au labyrinthe. Un mot historique peut servir de fil d’Ariane. On l’attribue à Napoléon, s’entretenant avec Goethe : « Que nous importe aujourd’hui le destin ? Le destin, c’est la politique. » Analyser ce mot, vocable par vocable, cela permet de construire une grille de déchiffrement.
On peut alors sortir des mirages et commencer d’affronter, en être parlant, le réel de la politique.