Libération, 28 août 2021, par Frédérique Fanchette
Monsieur Faustini part en voyage, de Wolfgang Hermann, traduit par Olivier Le Lay
Monsieur Faustini est-il un banal archétype : le vieux garçon, aimé de son chat, qui se balade avec un parapluie roulé et oublie le monde dans son fauteuil à oreilles ? Non, parce que la plume acérée de Wolfgang Hermann rentre plus avant dans le détail, et que l’humour aidant, on se dit que cet Autrichien gagne à être connu. D’abord c’est un homme perméable à la philosophie zen : quand sa femme de ménage passe son temps à casser des objets et que s’ensuit un silence éloquent, monsieur Faustini respire et se dit que son employée lui a dispensé une leçon : « Elle lui apprenait à prendre congé des choses auxquelles il était le plus attaché. » Ensuite il se montre finalement d’une plasticité mentale étonnante pour un retraité hydrophobe. Le voilà bientôt en pleins préparatifs pour ne pas faire mentir le titre du livre. Sa sœur qui vit en Suisse fête un anniversaire important. Aucune échappatoire n’est possible. Le chat est casé, un cadeau acheté, c’est une crème pour le corps remodelante. Et voilà monsieur Faustini en mouvement. Il perdra son vieux veston dans l’affaire. Ce deuxième livre paru en français, tout à fait réjouissant, est à des antipodes du grave et bel Adieu sans fin, paru en 2017, consacré à la mort subite du fils de l’auteur, adolescent.