Gérard Wajcman
Les séries, le monde, la crise, les femmes
La série n’est pas simplement un genre télévisé en vogue, c’est d’abord une forme. C’est du neuf esthétique, et on sait que les inventions de formes sont rares. Pour la décrire, il faut se lancer dans une anatomie comparative et la confronter à d’autres formes, au cinéma, évidemment, mais aussi à des formes plus anciennes, fondamentales dans notre civilisation : au mythe, au roman, aussi au tableau.
La question de la série se pose depuis toujours, dans la littérature, avec le feuilleton par exemple, ou dans l’art, avec les Nymphéas de Monet, la reproductibilité technique selon Walter Benjamin ou la collection, notamment.
Mais la forme-série n’est pas qu’un problème esthétique, et cette forme n’est pas seulement nouvelle, elle est profondément actuelle. La forme-série pourrait être le langage du monde comme il est : en crise. La série serait une forme de crise. Elle serait structurée comme le monde en crise, ou le monde serait lui-même structuré comme une série.
D’où l’interrogation qui anime le propos : de quoi la série est-elle la forme ? La série symptôme du monde comme il va, ou comme il ne va pas. Une forme témoin du malaise dans la civilisation. Cela conduit, pour finir, à la question de savoir pourquoi les femmes occupent le devant de la scène des séries.
Tageblatt, novembre-décembre 2018, par Corina Ciocârlie
Marianne, 2 novembre 2018, par Robert Redeker
Focus vif, 1er novembre 2018, par Laurent De Sutter
Art Press, novembre 2018, par Fabien Ribery
L’Humanité, 25 septembre 2018, par Laurent Etre
Nonfiction, 15 novembre 2018, par Maryse Emel
« Champ-contrechamp », Lacan TV, le 30 octobre 2018.
« Le journal de la philo », France Culture, par Colomba Grossi, le 2 novembre 2018.
« L’heure bleue », France Inter, le 28 novembre 2018.