Francesco Biamonti
Le silence
Traduit de l'italien par Carole Walter
Collection : Terra d’altri
64 pages
8,62 €
978-2-86432-430-0
février 2005
Le Silence est l’ultime texte de Francesco Biamonti. Il comporte vingt-neuf feuillets dactylographiés qui constituent l’embryon du roman auquel travaillait l’écrivain juste avant sa mort.
C’est l’histoire d’une rencontre et d’un amour – noyau d’un récit plus ample qui, d’après Biamonti lui-même, devait « raconter les désastres des idéologies moribondes ».
Sur fond de paysage franco-ligure, plein de « choses détruites, et d’autres en voie d’extinction », se dessine un rapprochement (im)possible entre deux êtres :
Edoardo, qui a passé sa vie en mer en rêvant de la terre ferme, et Lisa, une femme très belle et ambiguë, qui a perdu son mari terroriste à l’âge de vingt ans et s’occupe d’une amie malade, Hélène.
Les deux destins d’Edoardo et de Lisa se croisent et s’entremêlent (vers quelle fin ? nous ne saurons jamais), jusqu’à cette soirée « transgressive », évoquée à la fin, et qui nous laisse sur le mystère du sexe et de l’amour.
Lisa revint trois jours plus tard, le soir. Le violet brûlait sur les précipices, les unissait à la mer, enveloppait toute l’olivaie. Le vent secouait les branches, mais elle ne semblait pas avoir froid ; juste plus profond le bleu de ses yeux, plus nue sa peau nue ; elle disait qu’Hélène avait été hospitalisée : cela faisait trop de jours qu’elle ne touchait plus à la nourriture, elle voulait cesser de vivre.
— Vous allez vous demander pourquoi je suis venue à cette heure-là.
Edoardo dit qu’elle avait bien fait de venir, et qu’il l’attendait. Ils entrèrent dans la maison, firent un feu dans la cheminée, avec du bois de chêne et d’olivier.
— Le meilleur bois, c’est le chêne vert, quand il est bien sec. Mais c’est quoi cette histoire de ne plus vouloir vivre ?
— Trop de remords !
Il attendait qu’elle continue.
— J’ai bien vu qu’elle n’allait pas bien, dit-il pour l’aider.
— Elle n’en pouvait plus de soutenir l’homme qu’elle aimait, elle l’a quitté.