Spinoza sait qu’une question inquiète l’Europe de son temps :
comment les Juifs sont-ils encore possibles ? Publiant, en 1670,
le Traité théologico-politique, il met à profit l’occasion pour proposer
sa réponse, sous la forme d’un court manifeste, inséré à la fin
d’un chapitre.
Les premiers mots situent l’enjeu : « Aujourd’hui les Juifs ».
L’aujourd’hui de Spinoza est devenu un passé. Mais la question demeure.
Elle inquiète plus que jamais et bien au-delà de l’Europe. À en croire certains, il y va de la paix et de la guerre pour tous.
Aussi est-il opportun de comprendre ce que dit Spinoza. Car ses propos sont obscurs. À dessein.
Spinoza veut qu’on soit déconcerté, afin qu’on cherche ce qu’il veut vraiment signifier. Il écrit ainsi parce qu’il est persuadé d’avoir à tenir
des propos offensants. Offensants pour les Juifs, qu’il connaît bien puisqu’il est né parmi eux, mais surtout offensants pour les honnêtes gens.
Quand la vérité blesse au point qu’elle ne puisse se dire, le seul moyen pour celui qui ne veut pas se taire, c’est de passer par la fausseté. Le manifeste de Spinoza est un tissu de contrevérités. Elles sont destinées à éveiller l’attention. En les relevant et en les rectifiant une à une, le lecteur découvrira ce que doit être, selon Spinoza, la politique à mener à l’égard des Juifs. Il identifiera les événements et les raisons qui éclairent les choix de 1670.
Il mesurera à quel point ces choix anciens déterminent notre présent
et notre avenir.
Au cours de mon enquête, j’ai décidé de me taire sur mes propres sentiments. J’admets qu’on puisse être choqué par ce que j’ai mis au jour.
Le Monde des livres, 12 avril 2013, par Roger-Pol Droit
Marianne, 23 mars 2013, par Robert Redeker
« Répliques », par Alain Finkielkraut, France Culture, samedi 29 juin 2013, de 9h07 à 10h
« Le Journal de la philosophie », par François Noudelmann, France Culture, mercredi 27 mars 2013, de 10h50 à 11h
Séminaire de Jean-Claude Milner à propos du Sage trompeur,
le 7 août 2013, à la Maison du Banquet et des générations, à Lagrasse :
Comment lire à l’envers pour lire à l’endroit ?