Libération, 25 juin 2016, par Natalie Levisalles
La mariée était en miroirJoies et renoncements d’une épouse de politicien suisse par Thomas Hürlimann
Roman. Traduit de l’allemand (Suisse) par Fedora Wesseler
Collection : Der Doppelgänger
320 pages
18,00 €
978-2-86432-851-3
janvier 2016
« Nous avons commis une faute, une faute grave, la plus grave : nous avons défié le Temps. Nous avons essayé de retenir son cours. Et à présent, Max, à présent, il nous montre son pouvoir ! »
Ainsi s’adresse, en son for intérieur, Marie Minet à son mari, Max Meier, un politicien suisse en vue dont la carrière a absorbé toute son énergie, la conduisant à renoncer à sa vocation de pianiste pour jouer le rôle de first lady idéale. Chaque année, au cours d’une fête dans un grand hôtel, Max contraint Marie à accepter pour son anniversaire un bouquet de quarante roses, comme si elle avait toujours quarante ans : aussi la comédie devient-elle chaque année un peu plus dérisoire et un peu plus cruelle. À la fin de ce roman, elle atteindra à l’intolérable.
Au cours de cette soirée, c’est toute la vie de Marie qui défile dans sa mémoire, mêlée à la légende de sa famille, une dynastie de grands couturiers juifs originaires d’Europe centrale. Mais laquelle des deux Marie est la vraie ? Celle du miroir, Marie Meier, toujours en représentation, ou la « Marie-Étoile », Marie Minet, qui conserve comme un trésor le souvenir des histoires du passé ?
L’auteur, en grand romancier, laisse chaque lecteur libre de juger.
Joies et renoncements d’une épouse de politicien suisse par Thomas Hürlimann