Réclamer justice

Une vie humaine qui se déroule à l’écart de la justice est intenable. Ne pas voir ses droits reconnus, être privé de justice, être victime d’une injustice, devoir demander en vain réparation d’un tort subi, autant d’atteintes vitales à notre humanité. Mais n’y a-t-il pas des moments où, réclamant justice mais ne trouvant pas satisfaction, nous basculons dans la fureur, l’aveuglement, la violence, voire la déraison, la folie, la vengeance, le crime ?

Il y a là un paradoxe qui amène à se demander si la folie de l’exigence de justice est de nature strictement psychologique ou si elle est due à la politisation des enjeux de justice ? Ou s’explique-t-elle par le fait que l’exigence de justice naît d’une idée pas très claire de ce qui est juste, de ce qui devrait l’être ? Ou bien tient-elle au fait que l’exigence de justice que nous portons en nous est, dans son essence même, proprement infinie ? Toutes ces questions appellent un nouveau regard sur la différence entre la justice et le droit, le juste et le légal.