Attilio Bertolucci

Voyage d’hiver

Poèmes. Édition bilingue. Traduit de l’italien par Muriel Gallot. Préface de Bernard Simeone

Collection : Terra d’altri

240 pages

17,75 €

9782864322719

septembre 1997

Second des grands livres d’Attilio Bertolucci, ce recueil regroupe des poèmes écrits entre le milieu des années cinquante et 1970. Une période d’intense bouleversement dans la vie de l’auteur et celle de l’Italie.

Durant ces années la métropole romaine impose au poète, natif de Parme, la sensualité inquiète, la « vitalité désespérée » que son ami Pasolini exprimera jusqu’au spasme. Entre Rome et l’Émilie de son enfance, Bertolucci obéit quant à lui aux intermittences de la mémoire et du cœur.

La plupart de ces poèmes furent écrits dans les plis et replis de La Chambre, le roman familial en vers où se sont nouées, comme chez Pouchkine, narration et poésie. Voyage d’hiver, plus lacunaire en apparence, est aussi plus proche d’un recueil au sens classique du terme. À travers les images et les rythmes, on entrevoit cependant un portrait, on entend un récit. Quel en est le personnage principal, le poète ou « le temps qui se consume » ? « Survivance notre terre ? Mais ils durent longtemps / ces crépuscules, comme l’été où jamais, jamais // ne vient l’heure de la lampe allumée ».

Tenant l’histoire collective à distance afin d’explorer un microcosme familial et personnel aussi complexe que le monde, le poète se fait l’exécuteur testamentaire de sa propre origine.

À Pasolini (en réponse)

 

Survivance, notre terre ? Mais ils durent longtemps
ces crépuscules, comme l’été où jamais, jamais

 

n’arrive l’heure de la lampe allumée, de ces
phalènes déraisonnables qui s’y heurtent,

 

attirées et repoussées par la clarté qui est vie
(et pourtant vie aussi était le jour qui meurt).

 

Qu’il nous soit seulement donné, dans le temps incertain
du trépas, de nous rappeler, nous rappeler pour nous

 

et pour tous, la patience des années
que blessèrent les éclairs d’amour – puis s’éteignirent.