Carlo Ginzburg
La lettre tue
Traduit de l’italien et de l’anglais par Martin Rueff
Collection : Histoire
368 pages
22,50 €
9782378562236
octobre 2024
Jean-Pierre Purry, calviniste de Neuchâtel, est formel : le meilleur climat au monde se trouve à 33 degrés de latitude. En 1731, il fonde Purrysburg, en Caroline du Sud. Pourquoi ? Dans quel sens peut-on parler d’un secret de Montaigne ? Comment transcrire la langue des Incas ? Et encore : comment peut-on accommoder le christianisme et les rites chinois ?…
Dans la variété des thèmes analysés dans ces quinze essais, le lecteur découvre peu à peu qu’un fil les relie : « la lettre tue, l’esprit vivifie ». Cette parole de Paul opposant la loi des Juifs et la foi des chrétiens, Carlo Ginzburg la corrige : la lettre tue ceux qui l’ignorent. Il faut accepter que certains auteurs choisirent, face au danger, d’écrire entre les lignes. À nous, aujourd’hui, de savoir les lire entre les lignes.
L’auteur de Mythes emblèmes traces nous demande ici de le suivre sur les traces du sens : qu’il s’agisse du sens d’une lettre, de celui d’un texte ou d’une image produite ou reproduite. Lisant lentement, l’historien nous conduit loin, au bout du monde parfois. Lentement aussi, il se retourne sur ses pas – ce qui est une définition de la méthode. D’où le tour parfois réflexif du livre, qui nous conduit à nous interroger sur les relations entre herméneutique et microhistoire, entre parole et texte, entre vérité et révélation.
« La liberté est fragile. Réflexions sur un livre (presque) oublié » : conférence de Carlo Ginzburg, le 23 novembre 2023, à l’université Grenoble-Alpes – dont le texte, repris et augmenté, est désormais un des quinze chapitres de La lettre tue :