Collection : Critique littéraire
128 pages
13,18 €
978-2-86432-488-1
février 2007
Ce qu’écrit Kafka est à ce point clair, d’une clarté si stupéfiante qu’on en reste littéralement bouche bée, cloué, désemparé, voué au mieux à la répétition du texte. Les récits de Kafka racontent des histoires à première vue invraisemblables – comment un pont pourrait-il s’accrocher des mains à un côté de la paroi et des pieds à l’autre, et se retourner pour voir qui arrive, comment un homme peut-il se muer en scarabée. Rien de plus certain pourtant que ces invraisemblances, rien de plus saisissant que ces récits.
Kafka touche en effet, à chaque fois, le centre exact de la cible, tout ce qu’il écrit atteint le lecteur très précisément là où il ne peut plus rien dire. On est concerné par Kafka parce qu’il arrive où chacun commence, au point muet où se fait la parole du lecteur.
Ce que raconte Kafka porte sur cet informulable à l’origine du langage derrière quoi on ne peut pas se retourner. Ce qu’il écrit est si singulier que c’est d’emblée reconnaissable, sans référence à autre chose, et du coup parfaitement universel.