Giani Stuparich

Giani Stuparich, né à Trieste en 1891 et mort à Rome en 1961, est ce qu’il est convenu d’appeler un « écrivain de frontière », riche de multiples apports. Sa mère était juive et son père Istrien d’origine slave et autrichienne.

À la naissance de Stuparich, Trieste est une ville de l’Empire austro-hongrois : il fera ses études ausi bien à Florence qu’à Prague, où il devient l’ami de Masaryk, futur président de la République tchécoslovaque. À Florence, il collabore à la célèbre revue La Voce, favorable à l’irrédentisme des provinces italianophones de Trieste et de Trente, c’est-à-dire à leur annexion par l’Italie. Quand il publie La nazione czeca (La Nation tchèque), les nationalistes triestins voient en lui un slavophile, alors que ses convictions sont fédéralistes et qu’il souhaite le respect de toutes les nationalités en présence au sein de l’Empire.

Interventionniste, il rejoint, avec son frère Carlo, les troupes italiennes au début du premier conflit mondial, devenant par là même déserteur aux yeux des Autrichiens. Acculé à la reddition, Carlo se suicide pour ne pas tomber aux mains de l’ennemi. Giani, fait prisonnier, sauve sa vie sous une fausse identité. Colloqui con mio fratello (Conversation avec mon frère) évoque admirablement ce tragique épisode familial.

Lors de la Seconde Guerre mondiale, marié à Elody Oblath, qui appartient à la communauté juive de Trieste, et lui-même identifié comme résistant, il sera interné par les SS, en compagnie de sa mère et de sa femme, dans le camp de San Sabba en 1944, avant leur libération suite à l’intervention de l’évêque de Trieste.
Trieste nei miei ricordi (Trieste dans mon souvenir), publié en 1948, apparaît non seulement comme une autobiographie mais comme le portrait de toute une génération d’intellectuels triestins. Le chef-d’œuvre de Stuparich est toutefois L’Île (L’isola), paru en 1942, quintessence du genre où il excelle : le récit court ou de longueur moyenne, d’inspiration autobiographique et consacré à l’approfondissement du microcosme familial. La relation au père, centrale dans L’Île, l’est aussi dans Il ritorno del padre (Le Retour du père), paru quelques jours avant la mort de l’auteur, en 1961, tandis que dès 1929, l’influence de Tolstoï et de Valery Larbaud transparaissait dans Un anno di scuola (Une année d’école).

Contrairement à nombre d’auteurs triestins, l’écriture de Stuparich – surtout dans L’Île – n’est pas plurilinguistique : marquée par la « prose d’art », que prônait la revue florentine Solaria, elle est linéaire et faussement limpide.

En 1941, il publiera un épais roman, Ils reviendront (Ritorneranno), jugé « destructeur » par la critique fasciste, du fait de son hostilité à la guerre. La paix revenue, paraîtront Trieste nei miei ricordi (Trieste dans mon souvenir), le roman Simone et en 1961, l’année de sa mort, Ricordi istriani (Souvenirs d’Istrie). Stuparich, un temps oublié, sera redécouvert au milieu des années 1980.

Chez d’autres éditeurs

Ils reviendront (Ritorneranno), roman, trad. François Pitti-Ferrandi, Alinéa, 1988

Les Femmes dans la vie de Stefano Premuda (Donne nella vita di Stefano Premuda), trad. Ludmilla Thevenaz, Bourgois, 1990

 

En langue originale (sélection)

La nazione czeca, saggio, Battiato, Catania, 1915 ; con il titolo La nazione ceca, prefazione di Vittorio Frosini, Longanesi, Milano, 1969

Colloqui con mio fratello, prose, Treves, Milano, 1925 ; a cura di Cesare De Michelis, Marsilio, Venezia, 1985

Guerra del’15 (Dal taccuino d’un volontario), Milano, 1931 ; Einaudi, Torino, 1978

Donne nella vita di Stefano Premuda, racconti, Milano, 1932 ; Sellerio, Palermo, 1983

Ritorneranno, romanzo, Garzanti, Milano, 1941 ; Garzanti, Milano, 1976

L’Isola, racconto, Einaudi, Torino, 1942 ; in L’isola e altri racconti, introduzione e commento di Renato Bertacchini, Einaudi, « Letture per la scuola media », Torino, 1969

Giochi di fisionomie, prose, Garzanti, Milano, 1946

Ricordi istriani, prose, Edizioni dello Zibaldone, Trieste, 1961 ; in Un anno di scuolae Ricordi istriani, Einaudi, Torino, 1979

Il ritorno del padre, a cura di Pier Antonio Quarantotti Gambini, Einaudi, Torino, 1961 ; in Il ritorno del padre e altri racconti, a cura di A. Stara, Einaudi, Torino, 1989

Trieste nei miei ricordi, cronache, Garzanti, Milano, 1948 ; in Cuore adolescente. Trieste nei miei ricordi, a cura di Giovanna Stuparich Criscione, Editori Riuniti, Roma, 1984

Machiavelli in Germania, tesi di laurea (1915), a cura di Giovanna Stuparich Criscione, Roma, 1985 (prima edizione mondiale)

 

Bibliographie critique en français

Gilbert Bosetti, préface à L’Île, Verdier, 1989

 

Bibliographie critique en langue originale (sélection)

Pietro Pancrazi, Giani Stuparich triestino. Romanzi e racconti di Stuparich e « L’isola » di Giani Stuparich in Ragguagli di Parnaso. Dal Carducci agli scrittori d’oggi, a cura di Guido Galimberti, Ricciardi, Milano, 1983

Renato Bertacchini, Giani Stuparich, La Nuova Italia, Firenze, 1968 ; 1974

Bruno Maier, L’opera di Giani Stuparich in Saggi sulla letteratura triestina del Novecento, Mursia, Milano, 1972

Vittorio Frosini, La famiglia Stuparich, saggi critici, Del Bianco editore, Udine, 1991