Alain Montcouquiol

Le fumeur de souvenirs

Collection : Faenas

128 pages

14,20 €

978-2-86432-673-1

février 2012

J’ai allumé un souvenir,
et lentement je l’ai fumé.

C’est au son de cette ranchera mexicaine qu’Alain Montcouquiol accomplit une autre étape de son voyage entamé en 1997 avec le magnifique Recouvre-le de lumière, témoignage poignant de la vie glorieuse et tragique de son frère Nimeño II, premier grand torero français.

Si l’absent, dont le deuil paraît impossible, hante ses deux premiers livres, on le trouvera encore mais différemment dans ce nouveau temps de la trilogie du souvenir, avec ces récits tendres, drôles ou insolites.
Grands noms de la tauromachie, artistes de cinéma, mais aussi et surtout héros anonymes, cabossés de la vie, rêveurs brisés, perdants admirables, se croisent, autour des arènes mais pas seulement, de Madrid à Lisbonne en passant par Nîmes et le Michoacán.

Edgar était un de ces ayudas qui se mettait à la disposition des toreros étrangers lorsqu’ils venaient toréer au Pérou. Il les orientait vers les lieux intéressants, les restaurants agréables, achetait pour eux dans l’artisanat local les cadeaux qu’ils ramèneraient en Espagne. Il leur racontait l’histoire du pays, de la ville, les coutumes, et leur évitait les pièges à touristes en même temps qu’il accomplissait son travail tauromachique consistant à brosser les capes, les recoudre, mettre en contact le valet d’épée avec les journalistes, les photographes…
Cette année-là, Christian avait été pris d’une frénésie d’achats hétéroclites : papillons, araignées, petites reproductions de sculptures en terre, bijoux… Edgar et lui étaient devenus copains. Edgar était borgne, il nous révéla un soir comment un accident l’avait obligé à se retirer des toros, car il avait voulu devenir matador.
« Ici, au Pérou, nous avait-il expliqué, c’est très difficile, il n’y a quasiment pas de novilladas. Il faut, pour s’entraîner, courir les villages et toréer n’importe quoi. La plupart du temps ce sont des zébus. Pour la fête du condor, on attache l’oiseau sur le dos d’un toro et on les lâche dans une arène de bois. Pendant longtemps, ce spectacle a été interdit, les autorités pensaient qu’il s’agissait d’un spectacle subversif, car le condor symbole du peuple andin finissait toujours par vaincre le toro qui symbolisait l’envahisseur espagnol. Bref ! Moi, j’étais au courant de toutes ces fêtes et j’y allais car je pouvais donner autant de passes que je voulais. Le toro chargeait, le condor ouvrait ses ailes, becquetait le dos du toro ! Je vous jure, parfois c’était de la folie! C’est comme ça qu’un jour en faisant une passe de cape, le condor m’a donné un coup de bec et me creva l’œil. Ce n’était pas comme un coup de corne, mais ça a détruit ma vie, matador ! »

Prix Livre & Aficíon, 2013

Des photos, des mots et des toros, 4 février 2012, par Marc Delon

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Midi libre, 30 janvier 2012, par Roland Massabuau et Mathieu Lagouanère

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La Gazette de Nîmes, janvier 2012, par Claire Isabelle Vauconsant

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« Hors-champs », par Laure Adler, France Culture, 12 octobre 2012 de 22 h 15 à 23 h
« Les Matins de France Culture », par Marc Voinchet, France Culture, 13 avril 2012 de 7 h 41 à 7 h 56