Jean-Louis Comolli
Une terrasse en Algérie
Nous nous retrouvions à la terrasse de l’Excelsior. Tous les soirs. Quinze ans, c’était notre âge. L’Algérie était encore colonie française, mais la guerre, sous le nom de « pacification », était entrée en scène, balayant le rêve d’Albert Camus d’une union libre entre Algériens et Européens.
La première action de masse du FLN eut lieu le 25 août 1955 à Philippeville, où je suis né. La ville basse est envahie par les habitants des hauteurs, Arabes et Berbères. Encadrés par quelques militants FLN, ils sont armés de faux, faucilles, pioches, haches – rares sont les fusils. Plus de cent Européens sont tués. La répression, menée par le colonel Aussaresses, est terrible : les mitrailleuses abattent sans juge ni procès des milliers de prisonniers dans le stade de la ville.
Je n’ai appris tout cela que plus tard. Ce jour-là, j’étais à trois kilomètres de Philippeville, sur la plage de Stora. Nous ignorions que la guerre avait lieu. La radio, le journal, parlaient de rebelles. Mes amis de l’Excelsior étaient aveugles et sourds, comme moi. Le déni régnait. La mer était si belle, nous étions dans l’ivresse de vivre, et tant pis si tout était faux en Algérie coloniale.
Prix François-Mauriac, 2018
Jean-Louis Comolli et Didier Daeninckx, auteur du Roman noir de l’histoire, à la Maison de la poésie, le 11 janvier 2020 :
Jean-Louis Comolli à la librairie Ombres Blanches, à Toulouse, le 9 mars 2018 :
Transfuge, mai 2018, par Vincent Jaury
Le Temps, 14 avril 2018, par Lisbeth Koutchoumoff
Art Press, mai 2018, par Fabien Ribery
El Watan , 7 avril 2018, par Ait Sidhoum Slimane
Liberté, 26 mars 2018, par Rub.Radar
Reporters, 2 juillet 2018, par Dominique Lorraine
La Cause littéraire, 30 mai 2018, par Philippe Leuckx
Des nouvelles du front, 27 février 2018, par Franz Biberkopf
Onlalu, 23 février 2018
« Le réveil culturel », France Culture, 4 juin 2018.
« Maghreb-Orient Express », TV5 Monde, 21 avril 2018.
« Un livre, un jour », France 3, 14 mars 2018.
« L’humeur vagabonde », France Inter, 24 mars 2018.
Texte inédit : « Retour à l’écrit : pourquoi je n’ai pas filmé l’Algérie » (janvier 2018)