Pavel Hak

Vomito negro

Collection : Chaoïd

144 pages

14,70 €

978-2-86432-655-7

août 2011

Une île quelque part sous les tropiques des Caraïbes. Villas de luxe, milliardaires se reposant entre deux raids boursiers, jet-set. Mais aussi crime organisé, trafics humains en tout genre, prostitution, misère.
Un frère et une sœur sont les héros du roman, descendants de captifs venus de l’autre côté de l’océan, esclaves dans les plantations. Marie-Jo est kidnappée. Son frère est poursuivi par la police et la mafia locales. Il part à la recherche de sa sœur sur le continent. Vomito negro raconte leur lutte pour la survie et croise leurs itinéraires respectifs avec le récit de leur père évoquant sa traversée à fond de cale.
Comment Marie-Jo échappe à Sidney Parker et au docteur Godrow ? Comment son frère, passé clandestinement sur le continent, devient membre d’un escadron de la mort ultra-secret ? Avec ce nouveau roman, Pavel Hak poursuit son exploration des conséquences ultimes du capitalisme contemporain, celles de la prédation sans limites, de la marchandisation des corps et d’une déshumanisation à laquelle ses personnages répondent par une effrayante volonté de vivre. Cette urgence passe tout entière dans la phrase, dont la vitesse fait de ce roman une course hallucinée, qui a les fulgurances d’un poème.

Vagues océaniques. Chaleur.

Soif et faim. Sel rongeant la peau.

Après une vingtaine de jours de voyage (dit le père), le vent retomba. Nous souffrions du manque d’eau potable, nous n’avions presque plus rien à manger. La promiscuité rendait la présence des autres exaspérante : la diarrhée, le vomi des malades, rendaient inhumain le séjour dans la cale.

Nous n’avions pas le droit d’aller sur le pont.

Nous étouffions au milieu de toutes ces déjections.

Quand le bateau s’arrêta à cause du vent retombé, nos geôliers descendirent dans la cale pour contrôler si nos chaînes résistaient à notre colère. L’air devint irrespirable. La chaleur rendait malades les plus tenaces. Au bord de l’asphyxie, plusieurs hommes furent frappés de fièvre. D’autres se mirent à délirer. La soif brûlait les entrailles de tous. Au bout d’une heure de cet enfer, nous exigeâmes de pouvoir sortir à l’air libre. Les gémissements des malades harponnaient nos oreilles, les râles des agonisants nous torturaient. Mais le pire de tous ces bruits affreux était le grincement de nos fers, remués par nos membres qui ne supportaient plus cet emprisonnement.

Nos geôliers restèrent sourds à nos supplications.

Peu de temps après, il y eut le premier mort.

Prix littéraire des Jeunes Européens, 2013

Traductions

Vomito negro, Překlad: Jovanka Šotolová, Praha, Torst, 2013