Ilse Aichinger
Ilse Aichinger est née à Vienne le 1er novembre 1921, d’une mère médecin et d’un père professeur. Avec sa sœur jumelle Helga, elle passa sa petite enfance à Linz jusqu’à la séparation de ses parents en 1928, date à laquelle elle suivit sa mère à Vienne. Sa première vocation fut d’exercer la même profession que celle-ci ; mais en raison des lois raciales prises par le régime nazi, l’accès à l’université lui fut interdit lorsqu’elle arriva, en 1939, à l’âge d’entreprendre des études. Sa mère, en effet, était juive et, à partir de l’Anschluss de mars 1938, fut privée de la possibilité d’exercer sa profession. Ilse Aichinger et sa sœur furent toutefois considérées comme non juives, leur père ne l’étant pas et ayant probablement réussi à intervenir pour les protéger ; si la sœur d’Ilse Aichinger parvint à gagner l’Angleterre, la plupart des membres de sa famille maternelle (sa grand-mère et ses tantes, notamment) furent déportés et périrent dans les camps de concentration. Ilse Aichinger et sa mère purent se soustraire à ce sort, la jeune fille ayant été réquisitionnée pour travailler dans les services sanitaires de l’armée.
Après la guerre, elle put entreprendre les études de médecine autrefois désirées, mais les abandonna au bout de deux ans pour se consacrer entièrement à sa vocation d’écrivain. La parution du roman Un plus grand espoir, puis, quatre ans plus tard, d’un premier livre de nouvelles intitulé Discours sous le gibet, attira l’attention sur la jeune femme, rapidement devenue lectrice aux éditions Fischer qui devaient rester l’éditeur de toute son œuvre. C’est au tournant des années cinquante qu’Ilse Aichinger se rapproche du Groupe 47, ce mouvement d’écrivains réunis autour de Hans Werner Richter (1908-1993), qui lisent leurs textes en public et se critiquent les uns les autres, parfois très sévèrement – en firent partie, notamment, Günter Grass et Heinrich Böll. Bien d’autres écrivains et poètes comme Ingeborg Bachmann, Martin Walser, Johannes Bobrowski, Wolfgang Hildesheimer, gravitèrent autour de ce groupe dont Richter était l’éminence grise et le seul point fixe, et qui attribua, à partir de 1950, un prix littéraire réservé de préférence à de jeunes auteurs encore inconnus. Les premiers lauréats furent le poète Günter Eich (1950), Heinrich Böll (1951), Ilse Aichinger (pour sa nouvelle « Récit dans un miroir », en 1952) et Ingeborg Bachmann (en 1953 pour quatre poèmes de son premier recueil). Le retentissement du prix fut tout de suite considérable. C’est à lui qu’Ilse Aichinger dut le succès du roman paru quatre ans plus tôt et la publication à grand tirage de son premier recueil de nouvelles important, L’Homme ligoté, qui reprenait les récits du Discours sous le gibet, intégrés à un ensemble plus vaste de onze nouvelles.
En 1953, Ilse Aichinger épousa Günter Eich ; avec leurs deux enfants, un garçon et une fille nés en 1954 et en 1957, les deux écrivains vécurent en Bavière, puis près de Salzbourg jusqu’à la mort de Günter Eich en 1972. Après cette date, Ilse Aichinger s’installa à Francfort puis, en 1988, revint s’établir à Vienne où elle réside aujourd’hui. Ses œuvres complètes ont paru en 1991 ; elles ont été enrichies depuis par des recueils de textes brefs parus en 1996 et en 2001. De plus en plus discrète, Ilse Aichinger n’a fait que de rares apparitions publiques au cours de ces dernières années, à l’occasion de la remise de prix prestigieux ou pour saluer l’œuvre d’écrivains qu’elle aime. La mort de son fils en 1998 et plusieurs autres deuils ont assombri sa vie au seuil du grand âge.
Ilse Aichinger est morte en 2016.
Aux éditions Verdier
Chez d’autres éditeurs
Le Jour aux trousses, poésies complètes, trad. Rose-Marie François, La Différence, « Orphée », 1992.
Présentation de l’exposition sur la vie et l’œuvre d’Ilse Aichinger, conçue par Sandie Attia, à l’occasion du centenaire de sa naissance :