Léonid Guirchovitch
Schubert à Kiev
Roman. Traduit du russe par Luba Jurgenson
Collection : Poustiaki
416 pages
25,40 €
978-2-86432-668-7
février 2007
Schubert à Kiev aborde un thème qui, dans les lettres russes contemporaines, est toujours frappé de tabou : la collaboration avec l’occupant nazi d’une partie de la population soviétique.
L’action débute au printemps 1942. Les espoirs que les nationalistes ukrainiens avaient placés dans le Reich ont fait long feu. L’éphémère indépendance de leur pays a laissé place à un régime de terreur. Tous les Juifs de la ville ont été massacrés à Babi Yar, à l’exception de ceux qui se cachent ou qui ignorent leur origine. Valentina Maleïeva, pianiste de l’opéra, qui élève seule sa fille Pania, fait l’objet d’un chantage de la part du metteur en scène : ayant découvert l’identité « mortellement dangereuse » du père de la jeune fille, une beauté de dix-huit ans, il tente de contraindre la mère à une liaison à trois.
C’est l’opéra – la musique – qui constitue l’épicentre de l’action romanesque, et apparaît comme le révélateur d’une époque et d’un tournant historique. En effet, les destinées humaines, particulièrement poignantes dans ce texte, ne sont pas l’unique enjeu du livre : il s’agit aussi de mettre en lumière l’écroulement de la culture romantique dont le nazisme représente la dernière étape et Schubert le symptôme par excellence.
— C’est une question très intéressante. Nous savons que nombreux sont les Russes désireux d’aider directement le Reich allemand. Et ce n’est qu’un début : ils seront de plus en plus nombreux, des dizaines, des centaines de fois plus nombreux. Qui ne voudrait apporter son tribut à la grande victoire ? Jusqu’à présent, la sélection a été très stricte, je dirais même trop dans certains cas. Mais vous allez voir, bientôt les choses vont s’améliorer et on pourra satisfaire tous les candidats. Attention, ceux qui arriveront les premiers auront bien plus de facilités que ceux qui viendront après la bataille. C’est normal, du reste. Je conseillerais donc à ceux qui y songent sérieusement de se dépêcher. Quant à l’existence de ceux qui sont partis (si j’ai bien compris votre question, c’est cela qui vous intéresse), je peux répondre en citant un adage allemand : tout début est difficile. Ils viennent d’arriver, ils ne connaissent pas bien l’allemand. Il n’est point facile de s’adapter à une vie nouvelle, différente, où rien n’est familier. Mais c’est intéressant. Du moins, les gens gardent bon moral. Savez-vous comment ils s’appellent eux-mêmes en plaisantant ? Des Ossie. Du mot Ost, l’est. Les jeunes gens sont des rêveurs, et ils rêvent notamment de faire de belles rencontres : plusieurs d’entre eux n’ont pas encore trouvé l’âme sœur. Bref, venez, je pense que vous ne le regretterez pas.
Le Figaro, 21 mars 2012, par Christine Mestre
Le Monde des livres, 9 mars 2012, par Stéphanie Dupays
Marianne, 18 février 2012, par Anne Dastakian
La Liberté, 4 février 2012, par Alain Favarger
Les Inrockuptibles, février 2012, par Élisabeth Philippe
Mediapart, 19 février 2012, par Dominique Conil
7e Prix Russophonie, 2013, par Françoise Genevray
« La Dispute », par Arnaud Laporte, France Culture, vendredi 2 mars 2012 de 21h à 22h