Jean-Jacques Salgon
Parade sauvage
Comme des astres lointains depuis longtemps disparus mais dont on continue de capter l’éclat dans l’œil des télescopes, les bêtes de Chauvet continuent de courir et de se bousculer sur les parois de la grotte, à la poursuite d’un monde perdu.
Lions des cavernes, rhinocéros laineux, mammouths au long pelage, ours des cavernes, mégacéros, aucun de ces sublimes animaux n’a survécu à la fin de la dernière glaciation. Équipés pour le froid, ces princes des steppes et des savanes, ces souverains emmitouflés dans leurs fourrures, s’en furent il y a dix mille ans finir leur vie vers les plaines glacées de la Sibérie.
À Chauvet, ils nous adressent une dernière révérence sous les regards éblouis de ceux qui furent leurs sujets, mais qui, par un de ces desseins secrets de la nature, étaient déjà destinés à leur survivre.