François Dominique
Solène
Collection : Collection jaune
144 pages
14,70 €
978-2-86432-654-0
août 2011
Après un désastre, dans un entre-deux-mondes inquiétant, une famille réfugiée dans une villa de la banlieue lyonnaise vit coupée du monde extérieur. Alors que le système de défense qui les protège faiblit et que les ressources en vivres diminuent, ils tentent de maintenir un semblant de quotidien.
C’est la voix de Solène, petite fille étrange, imaginative et sensible qui mène la narration. L’enfant est douée du pouvoir de lire dans la pensée de ses proches avec qui elle est liée par une grande tendresse et dont elle perçoit les inquiétudes, les secrets, les rêves ou les révoltes. Le jeu a une grande part dans son récit qui peut être lu comme une fable sur la langue, ses sortilèges merveilleux et ses revirements imprévisibles.
Le soleil n’en finit pas de décliner. Un vent terrible s’est levé. Les volets claquent. Depuis le salon où je suis assise, j’entends une plainte et un bruit de verre brisé. Le vent s’apaise un instant puis revient en rafales, gémit, rugit contre les portes, se faufile dans la maison, assourdissant, plein de mots concassés.
Je ne comprends rien à ces langues délabrées, à ces murmures de foules; ce ne sont pas de vraies phrases mais des rires gras entremêlés de râles; ou bien des coups sourds infiniment répétés, des gémissements suivis d’applaudissements, des pas cadencés, des cris rauques. Les vibrations traversent ma chair, vibrent dans mon ventre et mon crâne. J’ai mal partout. J’ai envie de vomir.
Le vent jette sur nous des paquets de mots froids. Ils nous tombent dessus, nous giflent, nous assomment! Les débris de mots s’écrasent par terre de façon répugnante, effilochés, trempés de bouillie grise… Je n’ose faire un geste. Je suis accroupie dans un coin du salon et protège ma tête avec mes bras. Mes frères, à l’étage, poussent des cris de peur ou de colère; mes parents lancent des consignes incompréhensibles. J’ai froid, je grelotte.
La tempête soulève des tourbillons de paroles déchiquetées, les jette contre les murs, les rattrape et les jette à nouveau. Toutes ces phrases éperdues traînent derrière elles des plaques d’ombres qui cherchent à se fixer ça et là. Je ferme les yeux pour ne pas les voir ramper sur le plancher.
Vent et poussières de mots crevores s’insinuent partout, jusque dans les fentes des murs et des parquets. Je rampe vers l’escalier, grimpe à toute vitesse, sans me retourner. Je vois Ludo accroupi sur le palier. « Vite! Vite! Regarde! », me dit-il.
Prix Charles-Brisset, 2012
Mention spéciale du jury du Prix Wepler-Fondation La Poste, 2011
La Lettre de psychiatrie française, juin 2012
L’Hermite, 24 février 2012
Madame Figaro, 27 janvier 2012, par Alexis Brocas
Les Inrockuptibles, 14 décembre 2011, par Emily Barnett
L’Express Styles, 7 décembre 2011, par Baptiste Liger
Le Magazine littéraire, décembre 2011, par Alexis Brocas
Libération, 24 novembre 2011, par Claire Devarrieux
Le Choix des libraires, 10 novembre 2011, par Max Buvry
Le Figaro littéraire, 10 novembre 2011, par Yann Moix
Olé !, 2 novembre 2011, par Daniel Bégard
Grazia, 21 octobre 2011, par Emily Barnett
Le Bien public, 16 octobre 2011, par J. Remy
Mediapart, 14 octobre 2011
Un nécessaire malentendu, 13 octobre 2011, par Claude Chambard
Le Matricule des anges, octobre 2011, par Jérôme Goude
Service littéraire, octobre 2011, par Bernard Morlino
Le Monde, 9 septembre 2011, par Monique Pétillon
La Quinzaine des libraires, septembre 2011, par Karine Henry, Librairie Comme un roman (Paris 3e)
Blog de la Librairie Ombres Blanches (Toulouse), 28 août 2011, par Christian Thorel
Télérama, 17 août 2011, par Christine Ferniot
Librairie Vaux-livres, juin 2011
« La Grande Table », par Caroline Broué, France Culture, lundi 2 juillet 2012 à 12h50
« Ça balance à Paris », par Éric Naulleau, Paris Première, samedi 26 novembre 2011 à 18h
« Du jour au lendemain », par Alain Veinstein, France Culture, lundi 26 septembre 2011 de minuit à 0h35
« Microfictions », par Ali Rebeihi, France Inter, vendredi 26 août 2011 de 11h à 12h